11/08/2011
From Salt Lake City, with love.

Écrire dans les restaurants, programmer dans les conférences.

Jonathan et moi, hackers vaillants (à qui, comme chacun le sait, rien n’est imposture), faisons de notre mieux pour augmenter les intentions de participation à notre session, “The Kata In The Hat” (connue en français sous le nom de “Kata marrant”) lors de la conférence Agile 2011. Nous voilà sur place, l’ambiance s’échauffe, les statistiques montent.

Nous nous sommes installés lundi matin dans la salle de l’Open Jam et avons branché mon ordinateur sur un vidéo projecteur. Se confronter aux autres programmeurs, s’afficher en tant que programmeur. Nous restons dans notre lignée, faire et inspirer. En deux heures de temps nous avons mené deux expériences, à cheval entre happening et iconoclasme.

La première - partager une même session terminal sur deux ordinateurs différents. Lorsque depuis son ordinateur, l’un tape un caractère, l’autre le voit s’afficher sur son propre ordinateur, comme si c’est lui-même qui l’avait tapé. Nous voilà lancés dans un cadavre exquis, à programmer à quatre mains (ou, littéralement, à deux doigts), en tapant à tour de rôle un caractère à la fois. Cela, sans bien sûr communiquer sur nos intentions respectives. Cahin-caha, lentement et étonamment, le programme (“Ognorama”) s’ébauche. Le premier test nous apprend que l’Ognorama doit changer de couleurs, le deuxième qu’il doit fournit des porcs… L’impression de se retrouver assis à une table de ouija numérique, à invoquer les esprits orientés objet.

La deuxième - toujours plus fort - partager deux sessions xterm sur deux
ordinateurs différents. Chacun écrit dans “son” terminal, que l’autre voit.
L’un écrit les tests, pendant que l’autre écrit le code. Du développement
piloté par les tests, sans les va-et-vient, dans une pseudo-synchronicité qui
rappelle les danseurs de tango de Brian Marick
si l’un est bien celui qui guide et l’autre celui qui suit, rien n’est tant évident vu de l’extérieur.

Le bonheur que peut procurer une session de binômage est difficile à décrire - ce que j’ai éprouvé ce matin-là tient de la grâce. L’impression d’avoir repoussé les frontières du possible, d’avoir touché du doigt le sacré.

Regards incrédules, amusement étonné. Émerveillements. Laurent Bossavit commente : “vous êtes vraiment fous les gars”. Et tels deux garnements prêts à tester toutes les limites, nous cherchons déjà nos prochaines pitreries.

Emmanuel Gaillot