18/01/2018
Engagement agile, les philosophes à la rescousse

Est-ce que tu vois de quoi il s’agit quand on parle d’engagement de sprint dans la méthode Scrum ?

« Engagement » était la traduction choisie pour le mot anglais « commitment ». Cet engagement désigne une manière de clore le sprint planning en demandant à l’équipe si elle est prête à s’engager dans le sprint avec ce plan. Est-ce que votre plan est assez bon ? Vous paraît-il crédible ?

Depuis 2011, Scrum a décidé de remplacer le terme « commitment » par le terme « forecast ». Le plan est une prévision. L’équipe prévoit de terminer toutes les User Story du plan mais elle ne s’engage plus sur ce plan.

Tout ceci est très bien. Et l’on peut dire que tout ces petits coups de tournevis permettent d’affiner la version standard de la méthode.

Mais moi, j’aime bien cette idée d’engagement en fin de compte…

A vrai dire, j’ai mis beaucoup de temps à l’apprécier.

Dans le fond, il y a quelque chose qui me dérange avec l’engagement. Je suis quelqu’un qui s’adapte. Je ne dis pas que je m’adapte facilement, non, je m’adapte, c’est tout. Si la situation ne me convient pas, je m’adapte. C’est une stratégie que j’applique de manière excessive, presque un défaut, et certains diront même que je me sur-adapte… et c’est vrai que ça m’arrive parfois.

Et c’est aussi ça qui m’a toujours plu dans l’agilité. On fait des plans, mais si ça ne marche pas, on adapte. Cool ! Après tout, c’est bien l’idée. Le projet est complexe et incertain. Alors on prévoit mais on s’adapte quand on s’aperçoit que ce que l’on a prévu n’arrive pas. C’est la quatrième valeur du manifeste pour le développement agile de logiciel.

Quand on me demande de m’engager, j’ai l’impression qu’on me retire la liberté de m’adapter au changement… de faire mieux que prévu.

Alors quoi, qu’est-ce qui m’a fait changer d’avis ?

En ce début d’année, ma prof de philosophie m’a envoyé un texte sur la résolution qui m’a amené à réfléchir. Elle a publié ce texte sur son blog : Simone et les philosophes

En particulier, j’ai été frappé par cette image de forêt où l’on se perd si l’on ne se résout pas à suivre un chemin. Cela fait écho, pour moi, à ce qui se passe dans les projets informatiques. Les projets doivent chercher leur chemin à travers la complexité jusqu’à l’utilisateur final.

Je proposerais bien à Scrum.org d’utiliser « résolution » en remplacement de cette dichotomie entre « engagement » et « prévision ».

Parce que, comme le dit Simone :

La résolution n’est pas l’annonce d’une promesse, mais l’attitude par laquelle nous concentrons nos efforts à explorer une piste.

Étienne Charignon